Au terme de 17 jours de prospections intensives menées au cours de ce mois de juin 2013, la présence continue du Sonneur à ventre jaune entre les vallées de l'Aube et de la Marne se confirme.
A partir du carroyage composé de mailles de 1kmX1km superposé sur les affleurements du crétacé inférieur (voir post du 31mai), il a été possible d'orienter l'effort de prospection sur les secteurs où la présence du Sonneur était suspectée. En concentrant ensuite cet effort sur les milieux les plus favorables (lisières forestières et ornières), la recherche du Sonneur à ventre jaune s'est avérée très efficace.
Ainsi, parmi les 160 mailles préalablement définies et prospectées, le Sonneur a été détecté sur 77. Sur les 73 autres mailles, le Sonneur n'a pas été trouvé essentiellement par absence d'habitat de reproduction favorable.
Surtout, de la vallée de l'Aube à la la vallée de la Marne, on trouve une présence quasi continue du Sonneur à ventre jaune par maille d'un kilomètre !
Il est fort probable qu'en suivant cette continuité géologique du crétacé inférieur vers le sud (vallée de la Seine) ou vers le nord (vallée de l'Aisne), on puisse tracer une trame quasi continue de la principale population de Sonneur champardenaise. A suivre ! notamment à l'heure où le Sonneur à ventre jaune est défini comme une espèce déterminante de la Trame verte et bleue régionale...
Toutes les prospections ont été organisées et menées par Maxime GERNEZ en mission de Service Civique au CPIE du Pays de Soulaines.
Plusieurs facteurs ont influencé et déterminé la mise en place de ces prospections :
Ces prospections s'inscrivent donc à la fois dans des programmes d’intérêts européens, nationaux et régionaux tout en permettant d'affiner les connaissances sur l'espèce à un niveau local. Elles contribueront à trouver des débuts de réponses à ces questions :
Selon les données bibliographiques, le Sonneur est une espèce « pionnière » et apprécierait particulièrement les points d'eau temporaires et instables pour sa reproduction. Avant le remembrement, l'intensification de l'agriculture et le drainage des terres humides, les milieux ouverts constituaient des zones très favorables pour l'espèce : mares temporaires, rus, zones de marais...etc. En Champagne-Ardenne, les connaissances actuelles semblent indiquer que le Sonneur serait aujourd'hui beaucoup plus présent dans les forêts que les milieux ouverts. En effet, ornières dues à l'exploitation, mares de chablis, ruisseaux forestiers et autres flaques... constituent autant de zones propices à la reproduction. Il a donc semblé judicieux d'orienter les prospections à l'intérieur ou à proximité des massifs forestiers.
De plus, selon l’hypothèse d'un « tropisme » aux affleurements géologiques du Barrémien et de l'Aptien ; des polygones recoupant les cartes IGN aux cartes géologiques ont été modélisés grâce à un logiciel de cartographie.
En combinant ces deux facteurs il a été plus facile de délimiter un périmètre à prospecter (voir carte).
Afin de préciser la répartition du Sonneur ainsi que les caractéristiques de son habitat, nous avons défini un protocole présenté succinctement ici. Le nombre et la complexité des facteurs habitats a volontairement été réduit afin de garantir la faisabilité de l'étude et l'exploitation des données.
La carte ci-après présente les résultats obtenus de présence/absence de l'espèce par maille.
Présence/ absence du Sonneur à ventre jaune (données historiques, source Faune Champagne-Ardenne, LPO Champagne-Ardenne)
Toutes les mailles préalablement définies n'ont pu être prospectées, mais en 17 jours, il a été possible d'en visiter (au moins en partie) plus de 150. Au final, des Sonneurs on été trouvés sur plus de 70 mailles, pour un total d'environ 115 sites de présence. Avec 188 individus et plus de 33 sites où une reproduction a été avérée, on peut dire que l'espèce est très bien représentée sur le secteur d'étude.
Le secteur prospecté s'est étendu du nord de Bar-sur-Aube (vallée de l'Aube, département de l'Aube) jusqu'au sud de Saint Dizier (vallée de la Marne, département de la Haute-Marne).
Vu les résultats obtenus en terme de présence/absence par maille, on peut clairement dire qu'il existe une continuité écologique des populations de Sonneur sur le secteur étudié (voir carte) et on peut supposer que cette continuité se poursuit sur tout l'arc de la Champagne Humide vers le nord et le sud.
En revanche, il semblerait que cette continuité ne soit pas liée exclusivement aux affleurements géologiques et aux massifs forestiers ; mais plutôt à la combinaison affleurement géologique/ massif forestier/milieu ouvert propice.
La majorité des sites de présence se situent en lisière forestière, voir au beau milieu d'une prairie ou d'une pâture. Tous les sites de présence reçoivent le soleil de manière plus ou moins conséquente, et la majorité d'entre eux ont un taux d'ensoleillement très élevé. De ce fait, il semblerait que les zones forestières trop fermées ne soient pas propices à l'espèce.
On a ainsi pu observer d'énormes ornières forestières dépourvues de Sonneur alors qu'une toute petite dépression à 10 mètres de là et située en lisière accueillait plusieurs individus et quelques pontes.
Nos résultats indiquent des sites à sonneurs localisés sur des chemins d'accès aux forêts, aux pâtures et prairies de fauches ; très rarement en pleine forêt.
Sans tirer de conclusion hâtive, vu les résultats et l'écologie de l'espèce, il semblerait que le Sonneur ait besoin de la proximité d'une forêt pour son hivernage mais préférerait les lisières et milieux ouverts ensoleillés durant la période de reproduction. L'espèce n'est donc pas typiquement forestière en Champagne Humide.
Le nombre trop réduit de sites échantillonnés ne permet pas de tirer de conclusions sur les exigences écologiques de l'habitat du Sonneur. Mais les graphiques ci dessous illustrent les résultats obtenus. En bleu, les données pour la totalité des sites ; en jaune pour les sites de reproduction. D'une manière générale, les tendances observées pour l'ensemble des sites sont assez similaires aux tendances des sites de reproduction.
Comme on le voit sur ces graphiques, 33 sites où la reproduction est avérée ont été localisés. Dans le cadre du Programme d'Actions Amphibiens de Champagne-Ardenne, il conviendra de « Prouver la reproduction du Sonneur à ventre jaune par la recherche de pontes et de têtards (de mai à juillet) sur trois secteurs connus à raison de 5 passages par secteur » au cours de l'année prochaine (extrait de la fiche action A2 du Programme d'actions amphibiens de Champagne-Ardenne). Dans la même optique, il serait pertinent d'étudier plus en détail les exigences écologiques et caractéristiques physico-chimiques de ces sites (particulièrement si certains affleurements géologiques sont préférés pour la reproduction).
Les résultats confirment que les couches géologiques du Barrémien et de l'Aptien accueillent les populations de Sonneur à ventre jaune . En effet, tous les sites de présence se trouvent effectivement sur ou à proximité des polygones préalablement établis. Il est possible qu'en continuant les recherches plus au nord, on puisse trouver des Sonneurs toujours concentrés au niveau de ces affleurements.
Toutefois, il convient évidemment de ne pas tirer de conclusions trop hâtives puisque les prospections ont été orientées sur ces secteurs et aucune recherche n'a eu lieu à l’extérieur des polygones. A l'avenir, il serait intéressant de mettre en place et comparer des analyses physico-chimiques sur les sites de reproduction situés à l'intérieur et à l’extérieur de ces affleurements géologiques.
Ces prospections nous montre qu'une continuité écologique des populations de Sonneur existe bel et bien en Champagne Humide . Celle ci semble être reliée aux affleurements géologiques ainsi qu'à une mosaïque de milieux forestiers et ouverts. De ce fait, il conviendrait de tenir compte de ces facteurs dans le Schéma Régional de Cohérence Écologique. En effet, il semblerait que matérialiser les potentiels déplacements de Sonneurs par le seul biais des massifs forestiers ne suffira pas à englober toutes les exigences de l'espèce. En ce qui concerne les habitats et sites de reproduction du Sonneur à ventre jaune, on ne peut que confirmer la très forte utilisation des ornières tout en soulignant l'ensoleillement systématique des zones de présence.
Ces prospections donnent des informations et participent à l'atteinte des objectifs fixés par les différents programmes concernant l'espèce. Cependant, reste encore à :